Pour un Tunisien juif au gouvernement !

 

Depuis des mois, des individus se revendiquant de l’Islam appellent au meurtre des juifs. Cela a provoqué de nombreuses indignations et condamnations mais est-ce suffisant ?

Ces incitations à la haine et au meurtre portent atteinte à la Tunisie et en donne une piètre image à l’étranger. Cela déforme la réalité de ce que nous vivons depuis des siècles.

Où va-t-on face à cette situation aberrante ? Combien de temps encore le gouvernement  continuera t-il  à  faire preuve de laxisme et d’asthénie? Les trois présidences qui veillent sur la destinée de la Tunisie en cette période de transition démocratique vont-ils encore longtemps servir de risibles communiqués de dénonciations et de regrets réchauffés à chaque débordement  et dérapage? Et si ces menaces étaient effectivement mises à exécution ? Concrètement, que fait l’exécutif  contre les auteurs de ces appels au meurtre ? Veut-on détruire ce qui fait de la Tunisie un pays de cohabitation, de tolérance et d’ouverture ?

Si l’on veut être concret et pragmatique,  pourquoi ne pas  nommer un ministre ou un conseiller tunisien juif au gouvernement? Ne serait-ce pas le seul signe fort que l’on pourrait envoyer autant au peuple qu’à la communauté internationale qui observe ces dépassements et qui ne peut s’empêcher de comparer la Tunisie avec d’autres pays comme le Maroc qui assument autrement  leur pluri héritage de civilisation? Si les informations d’un remaniement venaient à se confirmer et bien loin de ceux qui pourraient considérer cela comme un « quota ethnique », ne  serait-ce pas un message fort pour prouver que la Tunisie n’abandonnera jamais sa diversité, sa culture de coexistence et sa fraternité avec les peuples d’autres cultures et de confessions ?

Une idée à mettre en application à un moment où des personnalités patriotiques de première importance très impliquées par l’avenir du pays comme Gilbert Naccache porte plainte sans avoir à prouver leur droit à vivre sur cette terre qui est la leur.

Dans une lettre rendue publique, l’auteur de « Cristal » explique sa démarche : «Je porte plainte au nom de la révolution de la dignité qui a frappé le monde entier par son caractère pacifique et ouvert, et qui est menacée par ces mêmes irresponsables qui ont déclaré blasphématoires ces demandes de liberté et de démocratie. Je porte plainte parce que ces appels au meurtre, qui n’ont rien à voir avec le sentiment des Tunisiens, sont un des moyens par lequel veut se réintroduire la contre-révolution, sous le prétexte de ramener un ordre que l’actuel gouvernement ne peut faire respecter et que, en mettant la justice en demeure de faire son travail, je contribue à désamorcer cette menace. Je porte plainte, enfin, parce que les salafistes auteurs de ces appels au meurtre sont les ennemis déclarés des femmes, des artistes, des créateurs, des penseurs, de ceux qui sont les piliers de l’âme du peuple. Pour toutes ces raisons, et pour celles que chacun pourra trouver au fond de lui-même, en me solidarisant des actions judiciaires déjà engagées, j’appelle toutes et tous à nous accompagner dans ce refus de ces pratiques odieuses, dans l’exigence de les voir rapidement disparaître».

Pour mémoire, la présence du dernier ministre et secrétaire d’état juif dans un gouvernement tunisien datent de 1957. Il s’agissait d’André Barouche précédé d’André Bessis. Depuis, le gouvernement tunisien se contente de payer le salaire du grand rabbin, de subvenir partiellement à la restauration et à l’entretien de quelques synagogues. La présidence de la république se charge de l’entretien du grand cimetière de Tunis.

A l’heure où la Tunisie écrit de nouvelles pages de son histoire, pourquoi ne pas aborder l’avenir avec un esprit de vraie réconciliation et de respect ?Bâtir l’avenir ne se fait pas avec le dédain et le mépris qu’affichent certains.

Conforter la démocratie, les libertés individuelles, les droits de l’homme, la justice, le droit des minorités dans la société, est capital afin que nous puissions tous continuer à vivre dans la dignité et le respect mutuel. N’en déplaise aux hostiles et aux intolérants, la Tunisie est un pays qui saura vivre et revaloriser ses diversités afin que tous les Tunisiens, juifs, chrétiens, musulmans mais aussi athées, agnostiques, bouddhistes, etc. s’y retrouvent, s’y reconnaissent et s’y épanouissent.

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