Biodiversité et éco construction dans un projet citoyen: l’exemple du GDA Sidi Amor

Tout débute dans les années 2000, Taieb Ben Miled et son épouse hérite d’un terrain. Ils décident d’en faire un laboratoire d’expérimentation et de valorisation de la biodiversité végétale à partir d’une fleur : la rose. Il s’agit de remettre à l’honneur cette fleur célébrée lors du festival des roses de l’Ariana, d’enrichir la biodiversité du site naturel et de sa région par l’essaimage et de travailler sur les vertus médicinales, cosmétiques et culinaires de la rose. Ce projet rassemble alors autour d’eux des amis, des bénévoles, des jeunes, des gens de la région, etc.

En 2005, les premiers travaux débutent. En 2012, issu de ce long travail et de la persévérance de tous les membres du GDA, une magnifique roseraie inspirée d’un jardin à la française de plus de 350 espèces, roses tunisiennes (rosiers blancs, saumons ou roses mais aussi églantier, rose de Salammbô…) comme roses françaises ou britanniques. Les noms de chaque pied collecté avec passion est à eux seuls une poésie qui porte le visiteur à la rêverie : Gloire de Dijon, Albertine, Pierre de Ronsard, David Austin, Mme Isaac Perreire, Canicule, rosiers orientaux de Médine… Une vraie fierté pour les membres du GDA.
Cette belle aventure pourrait s’arrêter là… et rester lettre morte mais ce serait alors ne pas connaître la dynamique des acteurs de ce projet.

Le GDA faisant parler de lui par la rigueur de son travail et le bouche à oreille fonctionnant bien en Tunisie, ce premier a commencé à recevoir des experts internationaux et tunisiens (paysagiste, ethnobotaniste, agronome, architectes, consultant en écologie…) qui ont chacun apporté leur pierre à l’édifice.

Les projets et les collaborations ont ainsi commencé à se développer (ESSTED, INRGREF, Institut sylvo pastoral, école d’ingénieurs, école de céramique de Sidi Kacem…). La roseraie s’est vu compléter d’un carré des plantes aromatiques et médicinales, d’un carré oriental/plantes du sud, d’un carré de plants de safran mais aussi d’un carré turc planté d’une cinquantaine de rosiers originaire de Turquie dans le cadre d’un partenariat avec l’Ambassade de ce pays, et d’un arborétum coréen planté de chêne coréens dans le cadre cette fois-ci d’un partenariat avec l’Ambassade de Corée… La botanique est alors prétexte à une approche culturelle des civilisations ottomane et asiatique. En effet, un projet architectural de kiosque ottoman avec informations et présentation de l’héritage ottoman en Tunisie est en court dans le carré turc. A terme c’est la volonté de créer un parc des cinq continents reprenant des espèces et de l’information concernant l’histoire de ces régions du monde qui est en projet. Une démarche globale de valorisation des échanges culturels qui serait accessible au grand public et aux scolaires.

Le deuxième axe de développement du GDA de Sidi Amor est basé sur l’éco-construction et sa promotion. C’est la contrainte de l’absence de moyen et la volonté de s’inscrire dans le développement durable qui a engendré la construction de trois bâtiments écologiques : une maison en bottes de paille, une maison en briques de terre crue et une maison en parpaings de poudre de gypse. Ces constructions réalisées par des bénévoles (étudiants de l’ENAU, étudiants en école d’ingénieur, etc.) lors de chantiers d’été ont également rallié experts et consultants (ingénieur spécialisé dans les économies d’énergie, architecte, etc.). Sensibiliser des étudiants tunisiens architectes ou ingénieurs à cette nouvelle forme d’habitation mais aussi développer les énergies renouvelables et valoriser l’économie d’énergie autant d’axes de développement que le GDA s’est fixés. Ce dernier organisait d’ailleurs dernièrement à la Cité des Sciences de Tunis une Semaine de l’éco construction et un chantier d’été est en cours tout le mois de juillet. Au GDA de Sidi Amor rien ne se perd, tout se transforme… Les bâtiments intégrés à leur environnement végétal comme leur mobilier sont issus de matériaux de récupération (chute de pierre, de marbre de bois…).

Mais tout ce travail et cette énergie dans quel but ? Celui de faire converger des compétences, des expertises pluridisciplinaires, des savoir-faire et des savoir-être tout en étant un incubateur de micro projets (compostage, gestion des déchets, distillation, botanique, marbrerie, éco construction…) et le toutdans un vaste projet citoyen et démocratique touchant au développement économique et à la culture au sens large. A terme l’envie est que le GDA de Sidi Amor ouvre un jour ses portes au grand public sous forme d’éco village d’art et métiers afin de partager son expérience, de témoigner de la biodiversité de notre planète et de créer un vaste réseau d’expertise internationale. Vivement cette époque !

A.M.

Pour en savoir plus : www.sidi-amor.org

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