Sadika

Son nom est encore synonyme de verre soufflé. Pourtant, elle s’essaye à différentes matières, du verre, au fer en passant par le tissage ou le bois de palmier. Son prénom est aujourd’hui une marque, un concept qui s’internationalise et se franchise. Durant le « Printemps des Arts » de la Marsa, l’espace culturel « Sadika » reçoit une exposition et un happening dans le théâtre nouvellement aménagé. Entretien avec Sadika. Par Amel Djait

Mille et une tunisie :
« …Mon vrai plaisir est de contribuer à faire en sorte que le monde évolue autour de moi, aille vers plus de beauté. » C’est une phrase que j’ai lu dans un de vos catalogues, est-ce un aboutissement de votre parcours ou une philosophie ?

Sadika : C’est tout cela à la fois. Dans la création, il n’y a pas de frontières. Je souffle dans le verre, transforme la matière, crée des modèles et innove. Je suis toujours inspirée par la diversité du riche patrimoine historique tunisien et son savoir faire manuel. Tout cela est bien ancré dans mes origines. Je suis issue d’une famille d’artisans de Sfax.

C’est cette liberté d’expression artistique qui vous permet aujourd’hui d’aller plus loin et d’élargir votre champ d’action. Sadika aujourd’hui, tend vers d’autres domaines et passe du design à l’architecture. La création des modules de verre soufflé seraient-elle une des expressions de cette évolution ?

Mes créations de modules en cubes de verre étaient initialement destinées à la combinaison d’éléments de décoration en forme de sculptures lumineuses, fontaines ou mur d’eau. Aujourd’hui, ces modules se convertissent en matériau incrusté dans l’architecture pour revêtement de voûtes, de plafonds ou encore de murs d’eau pour les SPA. En fait, avec ces modules, je conjugue de nouvelles sources de lumières.

N’était-ce pas l’objet de votre récente participation au salon de Frankfurt ?

Ma dernière participation au Salon International « Light & Building » a permis de faire découvrir aux professionnels du design et de l’architecture, un nouveau support. Léger dans la construction, il est une source de lumière naturelle pour l’habitat contemporain.

Votre réputation à l’internationale se confirme avec la demande de franchise de la marque « Sadika ». Après Nice, Milan, bien d’autres sont en cours. Est-ce une nouvelle aventure ?

La marque Sadika fait son chemin à travers quelques pays européens. Malgré la copie de mes  modèles, comme la cage de Sidi Bou Saïd, ma marque plaît toujours. C’est pour moi un signe de reconnaissance et un engouement pour notre patrimoine. Celui-ci restera à jamais ma plus belle source d’inspiration.

Quelle appréciation générale faites-vous des métiers d’art en Tunisie ? Quelle place occupe Sadika, l’artisane, la marque, le centre…?

Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne suis pas pionnière dans le domaine de la réhabilitation des métiers d’art. Il y a d’autres femmes qui l’ont fait avant moi. Il m’est agréable de citer deux d’entre elles. Des grandes dames à qui je rendrais toujours un vibrant hommage : Leïla Menchari et Samia Ben Khelifa.

Ensuite, autour du verre soufflé, il y a les ferronniers et les ciseleurs. Mon amour pour le patrimoine m’a poussé à enfoncer d’autres portes secrètes. Le tissage et la broderie ont aussitôt  occupé mon esprit. Petit à petit, s’est formé autour de moi et du Centre Sadika une soixantaine d’artisans et artisanes de toutes les régions de Tunisie. Ensemble, nous avons élaboré de nouvelles méthodes de travail dans la création. Nous sommes aussi une association juste et équitable.

Cela implique automatiquement un vrai rayonnement pour le Centre

Aujourd’hui, c’est notre pays qui vit une véritable renaissance. Il y a une effervescence autour du design, des arts plastiques et bien d’autres disciplines. Mon plaisir est autant d’y participer moi-même, que de permettre aux organisateurs de belles manifestations artistiques telles que le « Printemps des Arts » de la Marsa. Il m’est agréable et utile de voir tous les espaces de Sadika ouverts à toutes sortes d’actions tendant à développer les arts.

La démarche reste encore rare, mais vous êtes aussi l’une des pionnières du commerce équitable en Tunisie. Votre entreprise fait travailler pas moins d’une soixantaine de femmes qui exécutent avec minutie des broderies et des tissages. Quel est l’engagement  de Sadika vis-à-vis des artisans ?

Mon engagement résulte d’une prise de conscience qui s’est installée au fur et à mesure de mes différentes associations avec les artisans. Au fil des actions, nous avons tissé des liens forts et mis au point une vraie organisation de travail.

Cela s’est imposé comme une sorte de prise de conscience. Une sorte de défi pour contrecarrer les préjugés et autres réticences que  rencontre l’Artisanat Tunisien à l’étranger. Aujourd’hui, les notions de commerce équitable et développement durable sont une nécessité dans le développement économique mondial des « industries créatives ».

Vos projets ?

C’est un défi et je ne peux pas en dire davantage. Le procédé s’inscrit dans une démarche écologique et économique dans l’architecture et la décoration. Le projet porte en lui un nouveau mode d’art de vivre en parfaite harmonie avec les exigences de l’environnement et du respect de la nature.

 

 

 

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