Sandra Rochwski: « Plus de 600 mille touristes allemands veulent des hôtels durables et sont prêts à payer pour cela »

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C’est à la faveur d’un programme sur le Tourisme durable, porté par La GIZ en Tunisie par le biais du programme Fond Emploi, que Sandra Rochwski, patron du label Allemand GreenSign http://www.infracert.de fait une visite d’évaluation de quelques structures d’hebergements tunisiennes aussi diverses que les maisons d’hôtes, les appart-hôtels et les hôtels balnéaires. Le voyage est l’occasion pour en savoir plus sur ce nouveau label qui s’installe en Tunisie. Entretien conduit par Amel DJAIT

1001Tunisie : Présentez nous GreenSign. Quels sont ses objectifs ? Quand ce label est-il né ?

Sandra Rochwski : Greensign est une nouvelle marque allemande, née il y’a 4 ans sur le marché Allemand et qui commence à s’internationaliser sur l’Autriche, la Suisse, la Pologne, les pays bas, …

Aujourd’hui, notre label après avoir fait ses preuves au niveau national sur des petites structures est rejoint par des chaines hôtelières internationales. De nombreux hôtels sont en train de rejoindre notre réseau GreenSign Hotels déjà composé de plus de 100 hôtels.

Quelles sont les particularités du label Greensign ?

Nous avons un système de 5 niveaux de certifications, du plus simple au plus complexe. Notre force est l’accompagnement. Souvent, nous sommes devant des structures qui veulent s’engager sans savoir par où commencer. C’est alors que nous proposons notre « Full Process » qui sait prendre en considération tous les paramètres (énergie, identité, sécurité, RSE,…). Nous fournissons aussi un vrai conseil à nos partenaires.

Qu’avez-vous que d’autres labels n’ont pas ?

Nous présentons un accompagnement marketing très développé. Nous aidons et soutenons nos clients à capter de la clientèle.

La durabilité est –elle un accélérateur ou un facilitateur pour le business ?

Absolument. Vous savez, la labellisation dans la tête des gens est synonyme de qualité. Aujourd’hui, vous avez des clients qui sont nettement plus sensibles à la durabilité. En vacances, ils ont plus de temps à porter leurs attentions à la gestion de l’eau et veulent savoir en quoi leur voyage fait du bien aux populations locales.

Quelle est l’image de la Tunisie en Allemagne aujourd’hui ?

C’est une bonne image. Les gens venaient à un certain moment en Tunisie et en masse. Beaucoup gardent que l’on veuille ou non une bonne image du pays et des vacances qu’ils y ont passé. Il y’a vraiment une génération qui a vécu au rythme des vacances en Tunisie.

Aujourd’hui, le défi est de séduire et convaincre à nouveau. Il faut trouver de nouvelles motivations de voyage pour une nouvelle clientèle qui a changé, qui ne connait pas la Tunisie et qui ne sait pas ce qui s’y passe.

La question est aussi et surtout comment attirer le touriste individuel ( FIT) et celui qui cherche d’autres produits que la mer ? Car, même le touriste « Beach » a lui aussi changé de comportement. Il s’éloigne des Tours opérateurs, veut des excursions, loue sa propre voiture,  part à la découverte,…

La durabilité est –elle une opportunité pour le tourisme Tunisien ?

Absolument. Car elle va avec la qualité surtout pour l’offre hôtelière. Avec la durabilité, l’industrie hôtelière s’engage et met plus de qualité. L’ensemble de la chaîne de valeur devient plus humaine.

Quels sont vos espoirs par rapport au marché Tunisien ? Comptez-vous y trouver des clients pour votre label ?  

Cela me parait évident ! Nous apportons des solutions et un marché! Mais le plus urgent est de développer un concept pour positionner la Tunisie pour les individuels ( FIT) dans les 3 années à venir. Il est là le véritable enjeu ! Nous allons devoir aller chercher des clients qui s’intéressent au tourisme culturel, nous éloigner de plus en plus du tourisme de masse, apporter plus d’authenticité aux voyages, etc.

Qui est le client allemand d’aujourd’hui? Quelles sont ses attentes ?

Le touriste Allemand d’aujourd’hui part en voyage 3 à 4 fois par an. Il fait un voyage pour se relaxer, découvrir et faire du shopping. Il a envie de vivre des expériences et ne veut plus rester seulement en bord de mer sur un transat. Il est aussi plus actif et engagé. Il a envie de rencontrer les gens et de vraiment apprendre, s’amuser et communiquer durant ses voyages.

Pouvons-nous donc dire que le temps des clients férus des produits tunisiens est fini ?

Non ! L’offre tunisienne reste adaptée à la famille qui a besoin d’hôtels pas très loin, à bon rapport qualité /prix et qui présente les attraits que vous connaissez bien : activités, prise en charge des enfants, loisirs, belle unité hôtelière,…

Les jeunes, qui sont un segment qui bouge beaucoup plus facilement, eux ont envie de voyager en individuels, d’être entre amis et à leur rythme avec des motivations complètement différentes. Certes, ils veulent la mer mais veulent aussi être autonomes, avec la possibilité de louer une voiture, de découvrir les destinations qu’ils choisissent et y faire des immersions.

Vous avez visité Jardin de Toumana à Djerba, Villa Sounine à Sounine et Hôtel Menera à Hammamet. Où en sont-ils en termes d’engagements ? Sont-ils labélisables ?

Il y’a un grand potentiel pour cela. Au niveau des structures que j’ai visité, il y’a une vraie conscience et engagement. Chacune des structures est forte sur un point comme le respect et les conditions de travail du personnel, l’identité culturelle du lieu, la gestion de l’eau et l’énergie solaire mise en place, les achats des produits alimentaires frais au niveau local….

Autant de points positifs qui sont à valoriser. Quand un hôtel a son propre potager, il faut le valoriser et en tirer de la valeur. Je pense à Djerba qui a une forte identité. Les opérateurs et intervenants gagneraient à travailler ensemble et GreenDjerba est un projet porteur. Hammamet est aussi en train de travailler sur un projet de labellisation de destinations. Bref, il y’a de nombreux projets et c’est tant mieux !

Combien coûte une certification ?

Il faut compter 1000 euros / an mais cela inclut tout ce que nous, en tant que Greensign, mettons dedans: Marketing, magazine papier, network, participation aux salons,… De l’argent que nous percevons, nous réinvestissons 50% pour la promotion des structures partenaires. Notre objectif est de faire en sorte que notre label rapporte des clients à nos partenaires. C’est cela aussi notre particularité !

Il y’a des centaines de labels, comment s’y retrouver ?

En Allemagne, il y’a environ 100 labels. Si vous rentrez dans le détail de ce qu’ils défendent comme valeurs, le nombre dans la durabilité tombe à seulement une dizaine de marques.

Quelles sont –elles ?

Greencertifiedhotel labélise les business hôtel. Il y’ a aussi Emas, Tourcert, Earthchek, Blueflag…

Qui sont les clients de la durabilité ? Que représentent-ils ? Sont-ils prêts à payer plus cher ?

En Allemagne, la question de la durabilité est de plus en plus importante. Le segment des touristes qui veulent des Ecofriendly Hotels est vraiment en hausse et cela nous donne une indication sur les tendances.

10% ( des 6 millions de touristes ) des touristes allemands se déclarent prêts à payer plus cher pour un hôtel certifié. Ils ont besoin d’un hôtel durable, engagé, respectueux de la nature et des gens.

Pour en savoir plus: http://www.infracert.de

 

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Journaliste et expert en communication, elle est la fondatrice du guide et magazine de voyage 1001Tunisie. A été Conseiller auprès du ministre du tourisme tunisien et reçu le Prix de l’Innovation Google Tunisie (Juin 2013). Passionnée de son pays, elle en connait les moindres recoins et a collaboré sur plusieurs livres, émissions tv, projets de développement.

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