Le haik by Baraa

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Depuis le temps où elle était lauréate 2010 du prix de la maison de la création à Marseille, Baraa Ben Boubakeur a fait du chemin, beaucoup de chemin. La douce jeune femme menue et à la démarche si gracieuse, évolue toujours dans le monde du« haik », un tissage fait à la main avec lequel elle a une relation fusionnelle.

Entre un salon international et un autre, la styliste prépare sa collection 2017. Une collection attendue par une clientèle fidèle et portée sur un style de vie décontracté, authentique et élégant. Une collection faite pour des femmes qui aiment le mouvement d’un tissu quand il accompagne leurs démarches, humeurs, cérémonies,…

Quand je demande à Baraa si sa collection sera toujours en « haïk », elle sourit, l’air de dire, en quoi d’autre ? Car entre le haïk et Baraa, c’est surtout une histoire de liberté : « Léger, suggestif, élégant, il transmet et permet la liberté; une valeur si précieuse de nos jours, surtout pour les femmes », dit-elle.

Depuis son association avec Kenza Ben Ghachem Toree, un ancienne de la maison Alaia qui a ouvert une jolie boutique sur la route de la Marsa, Baraa expose régulièrement en Tunisie et continue de parcourir son pays à la recherche de vieilles techniques de tissages, s’inspire et valorise un savoir faire ancestral et tente d’impliquer les jeunes, héritiers d’un patrimoine avec lequel ils se réconcilient difficilement.

Née à Kélibia, Baraa a commencé par évoluer dans le domaine des langues avant de trouver un autre moyen d’expression ; celui de la création d’ambiances, puis de vêtements.

Lauréate de la 1ère édition de la Maison Euro-méditerranéenne de la Mode en 2010, elle a côtoyé des grands de la mode en France dont Jean Jacques Picard, Christophe Le Maire, Jocelyne Imbert, les maisons Kenzo, YSL, Dior, Chanel. Elle a exposé au Palais Royal à Paris (en 2011) et au Musée de la Mode de Marseille. L’apothéose se fait en 2011, quand la prestigieuse maison Hermès commande les créations de Barra pour ses vitrines.

Consciente qu’il faut revitaliser le secteur de l’artisanat pour son fort potentiel de créations d’emplois et pour son impact positif sur la Tunisie et son image, Barra estime que tout est et reste à faire : « Il faut commencer par motiver les artisans, les former, leur montrer de nouvelles techniques et leur montrer un produit fini et bien exposé. C’est une image que les jeunes, notamment les enfants des tisserands doivent garder en mémoire ».

De ses rencontres avec les artisans, Baraa garde de précieux souvenirs mais sur le terrain, la difficulté et le quotidien sont autrement plus douloureux : « Il suffit de peu pour que les jeunes soient motivés et aient envie de s’investir dans un domaine sous estiméDe par mes déplacements dans toute la Tunisie à la recherche de vieux tisserands, je me suis rendue compte qu’ils étaient très fatigués. Eux même n’ont pas forcément envie que leurs enfants fassent le même chemin qu’eux! »


Au moment de la quitter, Barra sourit rêveuse. On l’imagine avec ses artisans à Tunis ou Kairouan en train de penser, ajourer, « moucharabier », broder, teindre, couper, ajuster, ses robes, cafetans, manteaux, écharpes, tops,…

Pour l’heure, la collection de Baraa se vend au Japon à la galerie Vie à Tokyo, Jiyugaok, Ginza. Ses collections sont aussi disponibles à Rome, Milan, Torino, Genève, Miami, San Francisco, Frankfurt…La marque existe aussi en France, en Allemagne, en Espagne et en Arabie Saoudite.

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Journaliste et expert en communication, elle est la fondatrice du guide et magazine de voyage 1001Tunisie. A été Conseiller auprès du ministre du tourisme tunisien et reçu le Prix de l’Innovation Google Tunisie (Juin 2013). Passionnée de son pays, elle en connait les moindres recoins et a collaboré sur plusieurs livres, émissions tv, projets de développement.

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