A force de discrétion, le jeune ministre a confondu  l’inaction à la pondération et les professionnels du tourisme lui demandent des comptes, l’ accusant ainsi que son équipe d’assister au délabrement d’un secteur qui reçoit des coups de toutes parts: situation politique fragile, fanatisme qui se propage, qualité qui se dégrade, environnement qui se détériore, communication inexistante, manque de concertation …

Ce ne sont pas les récentes nominations des certains représentants du tourisme à l’étranger ou l’ouverture de bureaux en Arabie Saoudite et la fermeture de ceux du Canada qui calment les esprits.Loin s’en faut!

Ce n’est pas non plus l’actuelle campagne médiatique menée par un élu français victime de violences qui vont aider à améliorer l’image du tourisme Tunisien. Les journaux télévisés passent en boucle les témoignages de Jamel Gharbi, député Ps, agressé à Bizerte par des fanatiques religieux. Ce qui est regrettable en plus de l’incident,car la violence est condamnable d’où qu’elle vienne, c’est que le gouvernement Tourisme y compris n’a pas réagit à temps. L’élu sarthois était en vacances dans la région de Bizerte. Les autorités compétentes n’ont pas estimé utile de réagir.Désormais, c’est l’état  qui s’excuse à plates coutures.

En ces temps houleux, l’incompétence s’aggrave aussi par l’incommunication et face à l’ampleur des défis et à l’importance de l’enjeu touristique, c’est un luxe que la Tunisie ne peut se permettre.

Dans un contexte marqué par une période de turbulences, le tourisme tunisien ne sert plus que de faire valoir. Il ne sert plus qu’a être un alibi pour crier que l’économie va mieux et que le pays est stable puisque les touristes sont là par une gouvernance actuelle qui ne fait pas de l’économie son principal cheval de bataille. Or pour réussir la transition, elle a besoin que l’économie redémarre et cela passe incontestablement par le tourisme.

Le tourisme est depuis quelques mois la carotte qui fait avancer l’âne. Sauf qu’à ce jeu, c’ est le tourisme qui est en train de devenir âne et carotte. Depuis des mois, les hommes politiques au pouvoir se sont targués de la reprise du secteur avançant des chiffres positifs par rapport à ceux de 2011. Une façon de noyer le poisson, de tromper son monde et surtout d’entériner la question touristique. Les chiffres de 2011 ne peuvent aucunement être une référence. Pour reprendre les propos d’un expert en la matière: “En une année, nous avons fait un bond en arrière de 11 ans…”

La saison 2012 s’achève et les préparatifs pour les fêtes de fin ont déjà commencé. Ils se feront dans la crispation sur fond d’élections annoncés au printemps 2013. Les années d’élections ne sont jamais les meilleures par expérience. On attend avec hantise les répercussions des derniers incidents politico-sécuritaires sur les marchés européens, à commencer par le plus important d’entre eux, à savoir le français qui reste encore en baisse.

Si au Tourisme, un ministre en a chassé un autre dans l’ancien régime, la révolution n’a rien apporté au tourisme ni en termes de gouvernances, de réformes et encore moins en termes d’ innovations. La nouvelle feuille de route ne parvient pas à être un évènement de taille; du moins pas encore. Or, il est plus que temps d’agir au lieu de discourir!

Le tourisme va t il encore faire les frais de discours vilipendant et d’études qui restent au congélateur? Le ministre du tourisme va t il continuer à prôner la bonne vision en multipliant les plateaux de télévision? L’équipe veillant sur le destin du secteur va t-elle maintenir les mêmes approches?

Plus encore, Lyes Fekhfekh en faisant une timide condamnation quand les responsables politiques du parti Enahdha multiplient les gaffes poussant des opérateurs du secteur à l’indignation comme ce fut le cas pour l’élu de la Constituante Abnou Yaareb el Marzouki signifie t-il l’engagement et la protection du secteur? En engageant si peu de réflexions, d’actions et d’audace, ne participe t-il à faire poser ce même regard méprisant sur le tourisme?

Le ministre du tourisme d’un gouvernement issu de la révolution est porteur d’espoirs et de changements. A ce jour, il semble qu’ il ne l’a pas compris, ni lui ni l’équipe qui l’entoure. Est ce avec ce flegme et ce manque d’enthousiasme, ou est ce avec ce manque de conscience face à l’opportunité historique que représente la révolution pour activer les changements que la révolution touristique tunisienne se fera?

Aujourd’hui le secteur a besoin de mobilisation. L’état ne peut pas tout faire surtout en pareille période et devant toutes les brèches qu’il ne parvient à colmater. Il porte du tord à un secteur vitale et à force de ne rien faire, il se retrouve dans la peau de l’empêcheur de faire. Il rajoute à l’incapacité de réagir et au manque d’esprit d’initiative de privés désabusés et impuissants.

N’est-il pas venu le temps de casser le poids de l’héritage?

Amel Djait

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