cacoub l'architecture

Le terme architecture conduit à citer l’ouvrage communiquer la ville : tracer l’urbain écrit par Hafida Boulekbache-Mazouz. Dans sa réflexion, l’architecture « écriture de pierre » (Boulekbache-Mazouz : 2014) est « une empreinte sur l’espace » (Boulekbache-Mazouz : 51). L’architecture est décrite en tant qu’une forme dans l’espace. Cette forme se rapporte à la composition de l’œuvre architecturale que l’architecte veut montrer. Ajoutons, « L’architecture est une indication infaillible de ce qui s’est véritablement passé à une époque donnée » (Giedion, 46 : 2000). On vit dans l’œuvre architecturale et on s’attache à ce qu’elle représente. Faut-il partir d’une nouvelle théorie, ou dire que cet art est susceptible d’être réécrit autrement ?  Par Asma BELHASSINE. Docteure en sciences de l’information et de la communication, Université Côte d’Azur 

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Illustration 1. Vue aérienne des trois hôtels cacoubiens .
Hôtel Chems El Hana  (rénové, avril 2018), à gauche. Année : 1986. Hôtel Hana Résidence (fermé), au milieu.  Année : 1969. Hôtel Hana Beach (fermé), à droite. Année : 1975
Source : Fédération régionale de l’hôtellerie de Sousse. Année : 2000

À la lumière de nos idées, l’architecture est un « outil caractérisé par la pensée de l’architecte » (Belhassine, 2016 : 162). Nous exposons une image de la sculpture cacoubienne, ci-dessous. 

Cette photo montre bien ce qui a été fait par le génie du tourisme durant les années du boom touristique. Dans un article qui a marqué le domaine, Cacoub disait : « Je conçois des plans pour des hommes, à ces hommes je propose un habitat rénové, des structures repensées, une tentative de rencontre de la tradition et de la modernité ou, tout simplement une architecture heureuse » (Parinaud, 1980 : 52). Dans ses constructions, Cacoub utilise une « architecture du soleil » (Cacoub, 1974). L’architecte participe non seulement à la préservation des lieux, mais également à la valorisation de l’œuvre architecturale. Dans nos axes de recherche, nous nous intéressons à l’architecture cacoubienne et à l’avenir des hôtels cacoubiens après le Covid-19. Les architectes contemporains s’engagent-ils à prendre bien soin de l’architecture cacoubienne ou bien cherchent-ils à créer de nouveaux projets ? 

La  « face cachée » de l’œuvre cacoubienne

Dans la conception de l’hôtel Pearl Marriott Resort & Spa, les jeunes architectes vont-ils s’inspirer de l’œuvre cacoubienne ? Les architectes visent à communiquer un nouveau récit. Tel le cas de l’ancien hôtel Chems El Hana qui a été rasé et dévalorisé par la nouvelle génération, comme le montre si bien la photo, ci-dessous. 

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Illustration 2. Vue d’ensemble du nouvel hôtel Pearl Marriott Resort & Spa
Source : Asma Belhassine. Année : 2017

Pour nous, cette œuvre magistrale est une forme de pensée. Car toute œuvre d’architecture évoque une émotion, traduit une idée et met en œuvre le concept de l’architecte. D’après Christian Norberg-Schulz, « pour qu’un lieu continue de vivre dans son essence, il faut en prendre soin » (Schulz, 1997 : 58). Comme le dit si bien Joseph Mecarsel dans sa thèse Architecture et présence : entre idée, image et communication : « une œuvre d’architecture a une présence. Elle communique par ses idées et ses images, dialogue avec son environnement par son enveloppe, attire ou intrigue par son contenu, et impressionne par ses effets » (Mecarsel, 2014 : 129)

Nous pouvons par conséquent porter une nouvelle réflexion sur les hôtels cacoubiens après le Covid-19. Pour notre part, après le Covid-19, les architectes pensent qu’il faut adapter une nouvelle écriture à l’œuvre cacoubienne. Non seulement à cause de l’apparition du virus, mais parce qu’ils ont à l’esprit de réaménager l’architecture de la ville autrement. Dans l’exemple de l’étude de cet hôtel, nous découvrons une autre cité. Entre décomposer et recomposer l’œuvre cacoubienne l’action des architectes a pour objectif de réinventer l’architecture cacoubienne afin de recréer une ville nouvelle. 

Conclusion 

Quelle architecture pour demain ? L’architecture d’aujourd’hui ne privilège plus la culture de la ville. Cet « art du lieu » (Norberg-Schulz, 1997) sera encadré par des règles de base autre que celles conçues par Cacoub. Face à cette crise sanitaire, la menace collective ne doit pas conduire à l’oubli des lieux touristiques, et plus précisément des hôtels cacoubiens. 

L’année 2020 reste exceptionnelle. Entre la crise du Covid-19 et la restauration des œuvres cacoubiennes, les architectes d’aujourd’hui visent à attirer les touristes vers « une nouvelle conception » de l’architecture cacoubienne. Ils cherchent à rejeter l’ancien. La sélection d’éléments anciens devient de plus en plus difficile à accepter dans le monde d’aujourd’hui. Au lieu de restaurer les œuvres cacoubiennes, ils cherchent à inventer de nouveaux lieux touristiques. Les hôtels cacoubiens ne désignent plus le même concept. Les œuvres de Cacoub offrent aux touristes d’aujourd’hui une vision autre qui s’éloigne de l’identité de la ville. Nous nous trouvons face à une cité caractérisée par une architecture dématérialisée, délocalisée et non identitaire. Le concept d’hier ne sera plus celui de demain. Chaque époque fait naître une nouvelle architecture et chaque génération crée un concept différent.