Les travailleurs humanitaires de la ville alpine française de Briançon, inondée par une forte augmentation du nombre de migrants traversant la frontière italienne, ont annoncé qu’ils fermeraient leur centre d’accueil pour protester contre l’inaction de l’État.
Les bénévoles du refuge Terrasses Solidaires de Briançon – le premier du côté français de la frontière – ont déclaré mardi qu’ils ne pouvaient plus accueillir l’afflux croissant de migrants.
Bien qu’il ne dispose que de 60 lits d’urgence, l’établissement – un ancien sanatorium – aurait été contraint de libérer de la place pour 326 personnes dans la nuit de lundi.
Les arrivées de migrants, qui traversent souvent l’Italie en petits groupes, se sont multipliées et le centre connaît désormais sa plus forte demande depuis le début de ses opérations en 2021.
« Ces routes de migration ont toujours existé », explique Luc Marchello, qui travaille avec l’ONG Refuges Solidaires, à propos des sentiers de montagne qui s’étendent de l’Italie à Montgenèvre, à la frontière, jusqu’à Briançon.
« Mais leur usage s’est intensifié depuis 2016 et encore plus depuis ce printemps. »
Randonnée terrifiante
Un jeune ivoirien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a déclaré à RFI qu’il avait pu atteindre Briançon lors de sa deuxième tentative de randonnée le long de la montagne. Dès sa première tentative, il a été intercepté par la police des frontières.
« Nous sommes partis vers 1 heure du matin dans la nuit », a-t-il déclaré. « Un de mes amis avait tellement peur qu’il s’est retourné pour repartir, mais nous avons trouvé le courage de continuer.
« La Méditerranée, c’était encore pire. »
Grâce au GPS de son téléphone portable, le jeune homme a réussi à guider tranquillement son groupe hors de l’épaisse forêt qui borde le col de Montgenèvre, en faisant des détours prudents pour éviter la police aux frontières.
Il est 6 heures du matin lorsqu’ils arrivent avec succès au centre d’accueil des Terrasses Solidaires, où des bénévoles leur offrent des lits de camp, des draps, du savon et du dentifrice.
Accablé
Pour accueillir le flux de migrants, des matelas tapissaient le sol des couloirs et des salles de réunion, tandis que des tentes étaient dressées sur la terrasse extérieure.
Les ONG locales estiment qu’au moins 25 000 migrants ont rejoint la France par les routes alpines depuis 2016.
La plupart d’entre eux sont des ressortissants de pays subsahariens qui ont fui vers le nord via la Tunisie, où ils ont pris le bateau pour rejoindre l’Italie.
Malgré les demandes d’aide répétées ces dernières semaines de la part des humanitaires de Briançon, aucune solution alternative n’a jusqu’à présent été proposée par les autorités.
Les bénévoles du centre d’accueil des Terrasses Solidaires espèrent qu’en fermant l’établissement en signe de protestation, le gouvernement sera contraint de fournir un hébergement d’urgence amélioré.
Les migrants qui y sont actuellement hébergés doivent trouver un logement alternatif avant que le centre ne ferme ses portes.