La Liste Tunisienne

Une version chic et moderne déclinée à partir de cinq objets fétiches typiques comme la « fouta », le savon, la natte, le chapeau et le foulard. Cette liste a fait l’objet d’une couverture médiatique internationale prestigieuse l’été dernier. La collection a été vendue dans les boutiques branchées de la marque A.P.C à New York, Paris, Londres, Singapour, etc.

Elle, c’est Laurence Touitou. Dernièrement, certains ont découvert ses dessins autour du thème « Food Memories » lors d’un événement organisé par Deyma, alliant la culture à la gastronomie. Mille et une Tunisie est allée à la rencontre d’une femme qu’on reverra surement sur plusieurs autres projets.
Depuis quelques temps, elle ne cesse d’arpenter les régions de Tunisie, ville par ville, patelin par patelin et quartier par quartier à la rencontre des artisans avec lesquels elle prépare la « Liste Tunisienne », saison II.

Mille et une Tunisie : Qu’est ce que la liste Tunisienne ?

Laurence Touitou : La « Liste Tunisienne » est une collection qui fait le lien entre ma culture, mon regard et mon pays. J’ai choisi des objets traditionnels tunisiens et j’ai été les fabriquer comme je les rêvais avec des artisans ouverts d’esprit.

Mille et une Tunisie : Quel sont ces objets :
Mon choix s’est porté sur des objets simples, très simples même. On pourrait dire des basiques tunisiens. Un chapeau de paille, une natte de sol, un tissu de bain (fouta) et un foulard en coton. Pour compléter cette liste, j’ai rajouté du savon à la rose et à la fleur d’oranger.

Mille et une Tunisie : Pourquoi la Tunisie ?

C’est le pays où je suis née. Le pays où ma famille a vécu. C’est surtout un pays que j’aime. Une pointe de l’Afrique où pour moi, Méditerranée et modernité ont toujours été proches. Un pays face à la mer où la lumière est brutale et douce. La Tunisie est le pays où le Corbusier a construit une de ses premières villas, un pays où la beauté va bien avec la simplicité. J’avais en moi la « Liste Tunisienne » après avoir décidé de vivre en Tunisie.

Mille et une Tunisie : Comment a commencé l’incursion de « La Liste Tunisienne » dans les boutiques APC?

Avec ma belle sœur. Ce pays, elle l’a découvert en me rendant visite et elle s’est intéressée à l’artisanat. Je lui ai alors raconté mon envie de créer avec des artisans tunisiens. Elle m’a encouragée puis invitée à exposer la première collection de « La Liste Tunisienne », dans les boutiques APC.

Mille et une Tunisie : « La Liste Tunisienne » remporte alors un succès international. Votre dossier de presse regorge d’articles élogieux dont notamment un dans le Los Angeles Times. Votre carnet de commande a littéralement explosé et vous avez mis les basiques tunisiens dans les « must have » des « happy few » du monde. Qu’en est-il de la saison II ?
La liste va s’allonger. Un bijou, une robe, un tissu brodé, un bol et une natte vont s’ajouter aux produits de la première liste. Nous allons aussi travailler sur un catalogue qui présentera l’esprit de la collection avec des reportages sur le travail avec les artisans. Ce sera aussi un peu comme un carnet de voyage en Tunisie.

Mille et une Tunisie : Mais pourquoi « La Liste Tunisienne » ?
Quand je lis le mot Tunisie, je souris. C’est naïf, mais c’est plus fort que moi. Quand j’ai vu le logo de « la poste tunisienne », j’ai pensé à mon idée de liste, qui est devenue « La Liste Tunisienne ». En plus, les listes ou la liste du jour, c’est une habitude familiale héritée de ma grand-mère. Elle faisait des listes tous les jours, avec ses « things to do ». Ligne après ligne se succédaient les idées les plus sombres aux résolutions les plus optimistes, sans oublier les courses du jour. J’ai gardé cette habitude. J’avoue même que je la cultive.

Mille et une Tunisie : Quand aurons-nous le plaisir de découvrir « La Liste Tunisienne II »?
Ma Liste s’allongera d’année en année avec à chaque collection une série de 5 créations. La prochaine liste est prévue pour Juin 2011 et aura une diffusion encore plus élargie. Je présenterais la collection à la presse en Mars 2011.

Mille et une Tunisie : Votre démarche est peut –être une réponse au fait qu’on ne parle pas assez du danger de voir disparaître l’artisanat populaire et tous ces savoir-faire d’une merveilleuse sophistication.
Derrière chaque objet, il y a une culture, un geste répété des centaines de fois. Une personne qui l’a appris et qui le transmet. Un usage et un savoir-vivre. C’est aussi souvent l’activité de tout un village. Je suis attristé de voir ce savoir disparaître.
C’est aussi pourquoi, j’ai voulu montrer la traçabilité de chaque objet. Chaque étiquette de présentation vous fait découvrir le village, l’atelier, l’artisan, sa matière première, son outil de travail. Chaque recherche pour créer ces produits a été l’occasion d’une rencontre et d’une relation fidèle.

Propos recueillis par Amel Djait

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