La star du rap français annule un concert en Tunisie en soutien aux migrants expulsés

Le rappeur français Maître Gims a annoncé l’annulation d’un prochain concert à Djerba, en Tunisie, pour protester contre le traitement des migrants noirs africains bloqués près des zones frontalières avec l’Algérie et la Libye.

« Des enfants, des femmes, des hommes, expulsés de Tunisie vers la Libye, vivent dans des conditions inhumaines », a écrit dimanche le rappeur sur son compte Instagram.

« Je ne peux pas maintenir ma visite en Tunisie, prévue le 11 août », a-t-il ajouté. « Je ne sais pas quelles sont les solutions. Mais cette détresse extrême est insupportable. »

La Tunisie est devenue une porte d’entrée majeure pour les migrants en situation irrégulière et les demandeurs d’asile qui tentent les périlleux voyages en mer dans des bateaux souvent branlants dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe.

La distance entre la ville portuaire tunisienne de Sfax et l’île italienne de Lampedusa n’est que d’environ 130 kilomètres.

Début juillet, les tensions raciales ont éclaté suite à la mort d’un Tunisien lors d’un affrontement entre habitants et migrants à Sfax.

En conséquence, des centaines de migrants des pays d’Afrique subsaharienne ont été expulsés.

L’ONG Human Rights Watch a déclaré que jusqu’à 1 200 Africains avaient été « expulsés ou transférés de force » vers des zones désertiques reculées.

Des migrants africains attendent un train à la gare le 5 juillet 2023, alors qu’ils fuient vers Tunis au milieu des troubles à Sfax à la suite de l’attaque au couteau le 3 juillet d’un Tunisien lors d’une altercation avec des migrants. ©Houssem Zouari / AFP

Coincé dans le désert

Les gardes-frontières libyens ont déclaré à l’agence de presse française AFP qu’au cours des deux dernières semaines, ils ont secouru des centaines de migrants qui ont déclaré avoir été laissés par les autorités tunisiennes dans la région frontalière près d’Al-Assah, à environ 150 kilomètres à l’ouest de Tripoli.

Jeudi dernier, une déclaration conjointe de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisait référence à la « tragédie en cours » des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile dans les régions frontalières de la Tunisie.

« Ils sont coincés dans le désert, confrontés à une chaleur extrême et sans accès à un abri, à de la nourriture ou à de l’eau. Il est urgent de fournir une aide humanitaire essentielle et vitale pendant que des solutions urgentes et humaines sont trouvées », ont-ils déclaré.

Ils ont noté qu’il y avait aussi des femmes, dont certaines enceintes, et des enfants parmi les personnes déplacées.

Plus tôt cette année, des pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Burkina Faso, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal, ont rapatrié des centaines de citoyens tunisiens au milieu d’une vague d’attaques racistes.

Il faisait suite à une tirade du président tunisien Kaïs Saïed en février accusant « des hordes de migrants illégaux d’Afrique subsaharienne » de crime et alléguant un « complot criminel » pour changer la composition démographique du pays.

L’Union européenne a récemment été en pourparlers avec son gouvernement, offrant à la Tunisie un important programme de financement pour l’aider à relancer son économie chancelante et endettée, et à mieux sécuriser ses frontières.