C’est un village que même certains Tunisiens peinent à situer sur une carte.
Perché à flanc de montagne, Douiret semble suspendu dans le temps.
Ses maisons en pierre ocre, taillées à même la roche, ses ruelles silencieuses, son paysage presque lunaire… tout y évoque un passé lointain.
Et pourtant, des voyageurs venus des quatre coins du monde s’y rendent chaque année, parfois au prix de longs détours.
Mais ce qui les attire là-bas n’est pas ce que l’on croit.
Un village presque abandonné… mais pas oublié
Situé dans le gouvernorat de Tataouine, Douiret fut autrefois un village troglodytique berbère vibrant, habité depuis des siècles.
Aujourd’hui, la majorité de ses maisons sont vides. Seules quelques familles y vivent encore, discrètes, résilientes.
En surface, rien ne semble justifier un tel engouement touristique.
Il n’y a pas de plage, pas de piscine, pas de marché animé.
Et pourtant, sur les réseaux sociaux étrangers – notamment en France, en Allemagne et en Corée du Sud – les images de Douiret circulent massivement.
Certaines vidéos atteignent plusieurs millions de vues.
Des agences de voyages spécialisées dans le tourisme “alternatif” y proposent même des retraites spirituelles, des séjours de “déconnexion totale” ou des stages de photographie.
Mais d’où vient cet engouement mondial pour un village si discret ?
Un “lieu d’énergie” pour certains… un décor de cinéma pour d’autres
Il y a quelques années, plusieurs influenceurs occidentaux ont publié des récits de voyage où ils affirmaient que Douiret était un “lieu d’alignement énergétique naturel”.
Certains le comparent même aux hauteurs de Macchu Picchu ou aux sites sacrés d’Asie.
Mythe ou sensation personnelle ? Impossible à prouver.
Mais ce qui est sûr, c’est que Douiret fascine aussi pour son atmosphère cinématographique.
Certains fans de science-fiction sont persuadés que ses paysages ont inspiré des scènes de Star Wars tournées à proximité – dans la région de Ksar Hadada notamment.
D’autres le comparent à un village du bout du monde, un décor de fin du monde figé dans le silence.
Et puis il y a ce ciel, immense, dégagé, parfait pour les amateurs d’astrophotographie.
Chaque année, quelques groupes y organisent des bivouacs d’observation des étoiles.
Et pendant ce temps, les habitants s’interrogent
Dans le café le plus proche, situé à quelques kilomètres, certains habitants avouent ne pas comprendre l’intérêt soudain pour Douiret.
“C’est un ancien village, on y allait parfois quand on était enfants. Mais on ne pensait pas que ça pouvait attirer du monde”, dit Ahmed, 42 ans, de Chenini.
Aujourd’hui, certains jeunes de la région commencent à y revenir. Ils réaménagent des chambres, proposent des repas berbères, ou guident les visiteurs à travers les ruines.
Peut-être que Douiret, ce village oublié, est en train de renaître – non pas à cause du tourisme de masse, mais grâce à ceux qui voient la beauté dans le silence, la pierre et le vent.