Ilyes Messoudi:  » Mon héroine prône pour la réconciliation du Tunisien avec lui-même »

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Ilyes Messoudi est artiste. Il travaille avec humour et en couleurs sur une version moderniste revue et updaté des 1001 nuits. Il révèle une Sherazade qui vit la révolution, l’amour, la liberté, l’injustice, l’exclusion,…De Paris où il vit, le jeune plasticien repense à son pays, à l’amour qui lui porte tout en reconnaissant ses travers et injustices. Pour en savoir plus sur son travail, consultez son site web: http://ilyes90.portfoliobox.net/

Entretien conduit par Amel DJAIT

1001tunisie: Vous vivez à Paris et il ne fait aucun doute que la Tunisie vous manque, Comment pensez-vous à votre pays de là bas? Quelles régions, villes, souvenirs, odeurs ou saveurs vous manquent le plus?

Ilyes Messoudi: Mon pays me manque sans doute ! C’est la raison pour laquelle je fais de chez moi ma petite Tunisie, sans être communautariste. J’écoute souvent de la musique tunisienne et cuisine tunisien. Quand je sens ici l’odeur de la friture (du Keftaji et du fricassé) et l’odeur du café, je pense aux parfums qui règnent dans les rues de Tunis. Elles mettent le feu à ma mémoire. La mer, le Sahara et le soleil me manquent terriblement. Mes amis, ma famille, notre jardin, le rythme de vie, perdre la notion du temps…

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Vous avez travaillé sur 1001 nuits. Quelles images de Tunisie vous viennent quand vous pensez à cette œuvre?

L’amour que l’on est interdit d’afficher.

Un imam interprète le Coran de travers.

Des gens achètent un mouton avec un pack de bières pendant l’Aïd.

Un agent de police arrête des jeunes consommateurs de cannabis et fume leurs joints par la suite.

Une société oblige une fille à se marier avec son violeur.

Un beau soleil qui envoie un rayon d’espoir aux gens qui souffrent.

Dans votre vision de 1001 nuits, votre héroïne est souvent rebelle. Moderne et en construction quelles sont sa couleur, humeur et revendications?

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Shéhérazade est un état âme qui change selon les circonstances. Elle est à la fois douce et rebelle et ne cherche aucune comparaison avec l’homme. Elle est consciente de ses atouts et sait que l’homme ne peut pas l’atteindre, sans nier le rôle fondamental de ce dernier dans la société.

Sa revendication, c’est la remise en question des injustices et des tabous de la société. Mon héroïne prône pour la réconciliation du Tunisien avec lui-même et avec toutes sortes de différences. Les 1001 nuits est une oeuvre qui se veut une révolution socio-culturelle et qui fait évoluer les mentalités.

Quand vous êtes en Tunisie, quels sont vos endroits et lieux préférés ?

En Tunisie, j’adore surtout les endroits en bord de mer et le sud. J’ai passé une bonne partie de mon enfance à El Zahra, dans la banlieue sud de Tunis, là où j’ai fait de longues ballades côtières. Le palais Saint Germain est toujours mystérieux pour moi. La banlieue nord de Tunis aussi, est pleine d’endroits qui me rappellent plein de folies.

Quel quartier vous a le plus marqué? 

L’endroit qui m’a marqué le plus, c’est la cité Hlel Hay Hlél. J’y allais souvent pour voir un ami qui m’a fait découvrir ce quartier inédit. Au loin du lac El Sijoumi, la vue est imprenable avec des flamands roses qui survolent la cité.

Faute de moyens, il arrive fréquemment que les maisons ne soient recouvertes ni de ciment ni peintes. Elles affichent plusieurs nuances de briques rouges qui changent souvent avec la lumière et constituent une sorte de mosaïque géante. L’été, sur les toits des maisons qui mènent les uns aux autres, de grandes fêtes de mariage ont lieu avec des feux d’artifice.


Et vos souvenirs gustatifs? 

Mes saveurs préférées sont les glaces de Chez Salem, l’Ojja de chez Sabbat Dziri, une bonne grillade de poisson à Kélibia, un sandwich à l’escalope fondante de Chez Allo toujours succulent après une soirée arrosée.

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Dans votre palette de peintre quelle couleur est la Tunisie?

La Tunisie n’a pas une seule couleur. Elle est plutôt multicolore et ses couleurs sont vives et contrastées.  La Tunisie post révolutionnaire qui lutte contre toutes sortes de conformismes et de standardisations, et se bat pour le droit à la différence est encore plus contrastée et colorée

Pour l’artiste que vous êtes, quel est le meilleur plan pour visiter Tunis, Djerba ou le Kef ? Avez-vous des adresses préférées à partager avec les lecteurs de 1001tunisie?

A Tunis, le circuit classique reste incontournable: La Médina, la banlieue nord et quelques endroits de la banlieue sud. Je n’ai pas encore eu la chance de visiter Le Kef, mais il y’ aura bientôt un Festival de Jazz à ne pas rater. Je recommande aussi Bizerte et Kélibia pendant la saison estivale et pendant le festival des courts-métrages. Mon coup de coeur reste toujours le sud tunisien, particulièrement Nefta et l’hôtel Dar Hi. Ksar Ghilane est aussi un bout de paradis.

Quel est le paysage de Tunisie que vous voyez en Aquarelle et en peinture abstraite?

J’imagine une aquarelle lumineuse, une nature morte représentant un grand festin de délices tunisiens. En peinture abstraite, j’imagine la Tunisie en vue aérienne à travers les nuages. Un paysage en politique pas clair.

 

 

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